Le Clavecin des prés
Qu’y a-t-il en effet de plus banal et de plus anonyme qu’une colline ? La preuve en est qu’elles n’ont jamais de nom. Les montagnes ont des noms, les cimes, les cols, les gorges et les ravins, mais les collines, non. Il est vrai que s’il fallait, pour une raison ou pour une autre, donner un nom à chaque colline, pourquoi ne pas en donner un, alors, aux monticules, aux mamelons, à toutes les éminences, voire à chaque motte de terre, chaque talus, chaque buisson, chaque aspérité de terrain ? La nature toute entière deviendrait un bruyant, confus lexique à ciel ouvert. Ô Muses, inspirez-moi, soufflez-moi ou murmurez-moi les noms de chaque butte, de chaque sillon, de chaque talus autour de ma maison. Alors, je pourrai faire enfin l’inventaire de tous mes voisins, des fourmis, grillons et loirs aux tourterelles, aux pies, aux buses et aux chouettes.
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